Parce que je me souviens, à la maison, d’un petit salé aux lentilles une fois, et d’un cuisseau de sanglier une autre fois... Mon vieux... Tu croirais qu’il va te tuer, Lino, quand il mange !
Tu croirais qu’il va te tuer ! T’oses plus parler ! T’entends les mâchoires qui font clac, clac, clac ! Tu te dis : ” Merde ! Si je m’approche, il va me buter ! ” Tu peux pas savoir ce que c’est !
Il est champion du Monde, lui ! »
Le compliment est de Jean Gabin, ce qui n’est pas rien.
Les deux hommes se marraient bien ensemble, par contre ils ne plaisantaient pas dès qu’il s’agissait de gueuletonner. L’un et l’autre avaient la réputation d’avoir un sacré coup de fourchette. L’archive INA qui suit donne un entr’aperçut de la chose :
En 1982, Lino Ventura est dans le Périgord pour tourner Les Misérables où il joue Valjean. Devant la caméra, il ne fait pas bombance : l’ex-bagnard avale à peine une soupe et un quignon de pain. En dehors du plateau, ce n'est pas la fête non plus La région n’est pas avare en spécialités du coin. Mais le confit, les truffes et le foie gras, ce n’est pas pour Lino. Trop lourd, paraît-il.
Par contre, dans la loge de l’acteur, c’était nettement plus appétissant. Car Lino avait une particularité : il cuisinait sur les tournages.
Robert Hossein rembobine :
« Je me souviendrais surtout d’une chose : c’est sublimement comment Lino faisait les spaghettis à la tomate avec ail et basilic ! [...] Lino, avant même le tournage, habillé et maquillé, nous préparait le déjeuner ou le dîner selon les horaires de tournage [...] Ce qui nous épatait tous aussi, c’est qu’il cuisinait dans sa roulotte [...] J’étais en admiration devant lui d’arriver à nous faire des repas de rois sur un petit réchaud de camping, car il faut savoir que nous n’étions pas en studio, mais en pleine nature ! »
Certains jours, il arrivait à cuisiner pour 8 à 12 couverts dans sa caravane.
Huit ans plus tôt, dans une scène de La Gifle, Lino Ventura servait la pasta à sa Isabelle Adjani de fille au petit ami de celle-ci. Francis Perrin, l'interprète, raconte souvent en interview que la scène a duré sept prises et qu’à la fin il n’en pouvait plus. Puisque c’était Lino qui avait cuisiné les pâtes aux studios de Boulogne, hors de question de ne pas les manger, ni de recracher entre les prises. Il aurait été vexé.
Voici alors la recette des spaghettis « Lino » qu’il cuisinait sur le tournage des Misérables.
Par personne :
100 g de spaghettis
2 tomates
½ gousse d’ail
4 cuillère à soupe d’huile d’olive
4 feuille de basilic
Sel
1 piment oiseau pour le plat entier (facultatif)
Parmesan râpé (facultatif)
Temps de préparation : 25 minutes
Temps de cuisson : entre 5 et 7 minutes
Pelez et épépinez les tomates.
Salez-les et laissez-les dégorger sur du papier absorbant ¼ d’heure minimum.
Une fois bien dégorgées, découpez-les en petits dés et mettez-les dans le plat de service avec l’ail pressé, le piment et le basilic ciselé.
Couvrez d’huile d’olive, salez et laissez macérer environ une heure.
Faites bouillir l’eau des pâtes et cuisez-les « al dente » !
Après les avoir bien égouttées, mélangez les avec votre sauce tomate, ail et basilic.
Servez sans attendre !
Proposez le parmesan râpé à table.
Les Misérables (1982), réalisation de Robert Hossein, avec Lino Ventura, Michel Bouquet, Jean Carmet
* Citations et recette tirées de Lino Ventura : carnet de voyages, de Clelia Ventura, éd. Barnea
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