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Articles

Affichage des articles du mars, 2019

Green Book : je ne suis pas ce que je mange

Tony Lip (Viggo Mortensen) a un sacré appétit. Il a un jour mangé quarante-huit cheeseburgers lors d’un concours et, suite à un pari, il se fait 50$ en avalant vingt-six hot-dogs - avec toppings - en moins d'une heure.  La nourriture tient une place centrale dans son quotidien et dans les lettres qu’il écrit à sa femme, il ne raconte pas grand-chose excepté le menu du dernier repas.  Il est aussi un homme simple : quand on lui demande un avis sur le plat dans son assiette, il se contente de répondre «  salé... » . Si l'on se moque de ce jugement à l'emporte-pièce, le gourmand rappelle une évidence : « saler, c’est tricher. Tout chef peut saler. Que ce soit bon sans sel, c’est la difficulté. » Tony Lip, de son vrai nom Vellelonga, est aussi un Italien jusqu’au bout de la fourchette. Il raffole des spaghettis-boulettes préparés par sa femme et se bouffe dans le lit une pizza entière qu’il plie en deux.  En cette année 1962, l’Italien est embauché par

Laurel et Hardy - de la soupe au caviar : anglais de cuisine

Rions un peu avec nos amis d’outre-Atlantique. En Anglais, a salad undressed est une salade sans vinaigrette. Aussi, quand on demande à Laurel de servir aux riches convives une salade without dressing , il prend l’ordre au sens littéral. Le voilà qui sert les feuilles de salade, à la main, uniquement habillé de son maillot de corps.  Poursuivons ce petit cours d’anglais spécial nourriture. Le titre en VO du sketch est from soup to nuts une expression traduisible par « du début jusqu’à la fin », « de A à Z », « entièrement ». Les latinistes repenseront à la locution ab ovo , tirée du proverbe ab ovo usque ad mala  : « depuis l’œuf jusqu’à la pomme », ce qui devait évidemment être le repas typique d’un Romain. Pourquoi alors l’idiome américain évoque des noix ( nuts ), plutôt qu’un fruit, du fromage, un biscuit ou un whisky ? Parce qu’au moment où cette expression apparaît, milieu du XIXe siècle, le repas chez les gens de la haute s’achevait (du moins pour les ho

La Fureur de vivre : got milk?

Au cinéma, le lait est généralement associé à l'enfance et au réconfort. Quelques films se sont toutefois amusés à pervertir cette boisson à la blancheur optimiste. Dans Alien , le robot Ash suinte un liquide blanchâtre et lorsqu'il est décapité, des petit jets de lait sortent de son cou - symbole éjaculatoire évident.  Kubrick est allé encore plus loin avec Orange Mécanique  en faisait du lait la boisson de la violence extrême : entre deux tabassages, Alex et son gang se retrouvent au Korova Milk Bar pour s'enfiler des grands verres de lait rehaussé au speed.  Venons-en à La Fureur de vivre.  James Dean y est un ado bagarreur, mal dans sa peau, sans raison évidente de vivre - un  Rebel without a cause  titre le filme en VO. Après avoir participé à une course de voitures volées où son adversaire à trouvé la mort, précipité du haut d'une falaise, James Dean rentre chez lui secoué. Dans le salon, son père s'est endormi dans le fauteuil. James descend al

Les Visiteurs : l’art de (pas) bien se tenir à table

« Ou sont les poulardes ? J’ai faim ! Où sont les veaux, les rôtis, les saucisses ? Où sont les fèves, les pâtés de cerf ? Qu’on ripaille à plein ventre pour oublier cette injustice ! Y’a pas quelques soissons  (1)  avec de la bonne soivre (2) ? Un porcelet ? Une chèvre en rôti ? Quelques cygnes blancs bien poivrés ? Ces amuse-bouches m’ont mis en appétit !!! » Pendant que le comte Godefroy de Montmirail (Jean Réno) beugle son menu idéal en tapant sur la table, son serviteur Jacquouille la Fripouille (Christian Clavier) perce l’opercule de son yaourt avant de l’engouffrer à la main, s’en barbouillant le visage.  Quelques scènes avant, Jacquouille se servait de la salade avec les mains avant de recracher le tout. « Pardonnez ce maroufle, mais il est si triste d’apprendre qu’un gueux possède Montmirail » , justifiait le comte.     S’ensuit les vers d’une chanson où il s’agirait de peler le jonc comme au bailli du Limousin qui fût appa