Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du mai, 2021

L'Inspecteur Harry : le flegme eastwoodien

Quel est le plus dérangeant dans cette mythique scène du premier volet des Dirty Harry où l'inspecteur interrompt son déjeuner pour stopper un braquage en cours de l'autre côté de la rue ? - Est-ce son côté quasi-suicidaire qui le pousse à affronter seul 3 malfrats au beau milieu de la rue ? - Est-ce le fait qu'il ressemble plus à un justicier qu'à un policier, provoquant le malentendu d'un "film fasciste" ? - Est-ce son sadisme gratuit ( Je sais ce que tu penses : c'est six fois qu'il a tiré ou seulement cinq ? Si tu veux savoir, dans tout ce bordel, je n'ai pas bien compté non plus. Mais c'est un Magnum 44, le plus puissant... ) envers le bandit qu'il vient de neutraliser d'une balle ?  - Est-ce le fait que les 3 malfrats soient noirs, au point que certains jugeront le film de "raciste" ? Une erreur puisque le seul "ami" que semble avoir Harry dans tout le film (ou du moins la seule personne avec qui il arrive

20 000 lieues sous les mers : seafood

Nous sommes au milieu du XIXe siècle. Le capitaine Nemo a découvert une incroyable source d'énergie capable de propulser son sous-marin Le Nautilus. Nous n'en saurons pas plus et quand le professeur Aronnax regarde à travers la vitre du moteur, il ne voit qu'une lumière blanche éblouissante. Nemo estime que l'humanité n'est pas prête à recevoir son énergie surpuissante, si bien qu'il préfère détruire son île abritant ses secrets. Celle-ci explose dans un gigantesque nuage en forme de champignon, laissant peu de doute à la nature de cette mystérieuse énergie : il s'agissait du nucléaire. Les paroles de Nemo résonnent  à l'image : "Peut-être que si le monde est prêt à offrir une vie meilleure que la nôtre, tout ceci deviendra une force bienfaisante, si Dieu le veut ". Plus tôt dans le film, Nemo invitait à sa table Aronnax, Ned (Kirk Douglas) et Conseil. Mais le menu va déconcerter les 3 nouveaux membres du Nautilus : - Serpent de mer à la gre

Vincent, François, Paul... et les autres : vot' gigot à la con !

Est-ce parce que, tout comme Rohmer , Claude Sautet a connu la faim durant la guerre qu'il accorde tant d'importance à la nourriture dans ses films ? Brasseries, restaurants chics, cafés où une assiette de fromages ou un œuf dur sont toujours à portée de main, agapes dominicales, petits déjeuners copieux... "Un café est un havre, et je suis trop rat des villes pour m'en passer" , aime à dire Claude Sautet. Il filme souvent les repas en plans séparés, ce qui lui permet au montage une plus grande liberté pour modifier le rythme et l'intensité de la scène. La liste des scènes de bouffe chez Sautet est longue. Mais en voici quelques-unes : - "Je viens rarement dans ce genre d'endroit, mais j'ai remarqué qu'il y a plus de personnel que de clients" chuchote Emmanuelle Béart à Michel Serrault, alors que ce dernier l'a invité dans un grand restaurant, dans Nelly et Monsieur Arnaud . "C'est ce qui en fait le prix" répond alor

Volver : la bouffe chez Almodovar

On reconnait immédiatement un film d'Almodovar par les motifs récurrents qu'il convoque : les boucles d'oreilles, les cordes, l'utilisation de la couleur rouge, les décors bleu et jaune, et bien entendu, la cuisine domestique. Dans Volver , Raimunda (Penelope Cruz) est enchaînée à sa cuisine. Quand elle rentre après une longue journée de travail, la vaisselle l'attend alors que son mari regarde le foot affalé dans le canapé. C'est dans cette cuisine que se noue le drame du film : un soir, Raimunda retrouve son mari poignardé par leur fille lorsque celui-ci a tenté d'abuser d'elle. Il faut une nouvelle fois laver le couteau, cette fois-ci maculé de sang. Mais c'est par la cuisine que Raimunda trouvera son salut. D'abord, elle cache le cadavre de son mari dans un gros congélateur du restaurant qu'un ami lui a confié la charge durant son absence. Elle décide ensuite de relancer le restaurant en accueillant une équipe de tournage pour les repas.

The Dead don't die : coffee after death

Dans son Zombie (1978), George Romero postulait que les morts-vivants revenaient hanter des lieux où ils avaient l'habitude de passer leur temps. L'action circonscrite à un centre commercial n'était donc qu'une critique à peine voilée de l'hyper consumérisme américain des années 1970.  Depuis, la caractéristique est devenue une figure incontournable du film de zombi. "Ils sont attirés vers les trucs qu'ils faisaient avant" , rappelle l'officer Ronald (Adam Driver) dans The Dead don't die . Jim Jarmusch nous montre alors des zombies, smartphone à la main, grognant "Bluetooth", "Siri" et "Wifi". D'autres sont devant une pharmacie et marmonnent "Xanax" et "Oxy". Des enfants-zombi, errant dans une épicerie, réclament des bonbons, des snapples (une marque de thé glacé), des glaces à l'eau, des snickers, des skitters et des jouets. Une façon de critiquer à bon compte l'utra-connectivié, l