Accéder au contenu principal

Vincent, François, Paul... et les autres : vot' gigot à la con !

Est-ce parce que, tout comme Rohmer, Claude Sautet a connu la faim durant la guerre qu'il accorde tant d'importance à la nourriture dans ses films ? Brasseries, restaurants chics, cafés où une assiette de fromages ou un œuf dur sont toujours à portée de main, agapes dominicales, petits déjeuners copieux...

"Un café est un havre, et je suis trop rat des villes pour m'en passer", aime à dire Claude Sautet. Il filme souvent les repas en plans séparés, ce qui lui permet au montage une plus grande liberté pour modifier le rythme et l'intensité de la scène.

La liste des scènes de bouffe chez Sautet est longue. Mais en voici quelques-unes :


- "Je viens rarement dans ce genre d'endroit, mais j'ai remarqué qu'il y a plus de personnel que de clients" chuchote Emmanuelle Béart à Michel Serrault, alors que ce dernier l'a invité dans un grand restaurant, dans Nelly et Monsieur Arnaud. "C'est ce qui en fait le prix" répond alors Serrault. 

 


- C'est dans un restaurant que, dans Un Cœur en hiver, Daniel Auteuil voit pour la première fois Emmanuelle Béart et tombe amoureux d'elle. C'est aussi dans un restaurant qu'elle viendra lui reprocher, plus tard dans le film, son incapacité à aimer. 


- Dans  César et Rosalie, Yves Montant retrouve Samy Frey dans un café en train de prendre son café-croissant pour l'avertir qu'il ne le laissera pas lui piquer Romy Schneider. 


- Au cours d'un déjeuner dans une brasserie bondée, dans Les Choses de la vie, Romy Schneider et Michel Piccoli se disputent quant au planning des prochaines vacances d'été.



Mais l'une des plus belles scènes de bouffe chez Sautet est certainement celle du gigot dans Vincent, François, Paul... et les autres. Tandis que Piccoli, médecin, découpe le gigot, Serge Reggiani, écrivain un peu raté, lui reproche d'avoir abandonné ses idéaux de jeunesse. D'avoir renoncé aux dispensaires en banlieue pour le confort bourgeois d'une clinique privée près de place de l’Étoile. Piccoli, acculé par son ami, finit par exploser et quitte la table : "Je vous emmerde tous avec vot' dimanche et vot' gigot à la con ! Merde ! "



Yves Montant récupère le gigot et Depardieu tente de détendre l'atmosphère en proposant une petite mayonnaise pour accompagner la viande... On en attendait pas moins de lui ! 

 Vincent, François, Paul... et les autres (1974), de Claude Sautet, avec Yves Montant, Serge Reggiani, Gérard Depardieu


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les meilleures répliques de films sur la bouffe (1)

« Moralité, je me suis bourré de pistaches comme un con »  Jean-Pierre Bacri, Cuisine et dépendances « Comment est votre blanquette ? »  Jean Dujardin, OSS 117 : Le Caire, nid d’espions « Ça doit être les moules qui sont avariées » , Benoit Poelvoorde, C’est arrivé près de chez vous « Spartiates ! Mangez vos victuailles avec appétit... car nous dînerons en enfer ce soir ! » Léonidas, 300 « Tu es bella comme la papaya »  Stuart, Les Mignons « Dis, on t’as jamais appris à manger avec la bouche fermée toi ? C’est à toi qu’je cause hein ! J’ai l’impression d’être à côté d’un camion poubelle qui travaille moi, ici ! Conasse va ! » François Damiens, Dikkenek « Laisse le flingue, prends les cannelloni »  Peter Clemenza, Le Parrain « Il doit y avoir une erreur, vous m’avez donné accidentellement la nourriture que ma nourriture mange »  Ron Swanson, Parks & Recreation « Oui, Londres. Vous savez bien : fish & chips, tasse de thé, bouffe dégu

Les Visiteurs : l’art de (pas) bien se tenir à table

« Ou sont les poulardes ? J’ai faim ! Où sont les veaux, les rôtis, les saucisses ? Où sont les fèves, les pâtés de cerf ? Qu’on ripaille à plein ventre pour oublier cette injustice ! Y’a pas quelques soissons  (1)  avec de la bonne soivre (2) ? Un porcelet ? Une chèvre en rôti ? Quelques cygnes blancs bien poivrés ? Ces amuse-bouches m’ont mis en appétit !!! » Pendant que le comte Godefroy de Montmirail (Jean Réno) beugle son menu idéal en tapant sur la table, son serviteur Jacquouille la Fripouille (Christian Clavier) perce l’opercule de son yaourt avant de l’engouffrer à la main, s’en barbouillant le visage.  Quelques scènes avant, Jacquouille se servait de la salade avec les mains avant de recracher le tout. « Pardonnez ce maroufle, mais il est si triste d’apprendre qu’un gueux possède Montmirail » , justifiait le comte.     S’ensuit les vers d’une chanson où il s’agirait de peler le jonc comme au bailli du Limousin qui fût appa

Les Misérables : spaghetti alla Lino Ventura

« T’as qu’à te trouver à table avec Lino... Ben mon vieux, Lino : c’est du sérieux ! Tu parles d’un quadrille de mâchoires ! Il nous rend double-six à tous ! Parce que je me souviens, à la maison, d’un petit salé aux lentilles une fois, et d’un cuisseau de sanglier une autre fois... Mon vieux... Tu croirais qu’il va te tuer, Lino, quand il mange ! Tu croirais qu’il va te tuer ! T’oses plus parler ! T’entends les mâchoires qui font clac, clac, clac ! Tu te dis : ” Merde ! Si je m’approche, il va me buter ! ”  Tu peux pas savoir ce que c’est ! Il est champion du Monde, lui ! » Le compliment est de Jean Gabin, ce qui n’est pas rien. Les deux hommes se marraient bien ensemble, par contre ils ne plaisantaient pas dès qu’il s’agissait de gueuletonner. L’un et l’autre avaient la réputation d’avoir un sacré coup de fourchette. L’archive INA qui suit donne un entr’aperçut de la chose : En 1982, Lino Ventura est dans le Périgord pour tourner Les Misérables où il joue Valjea