Petite revue des nombreuses fonctions de la bouffe dans Le Voyage de Chihiro.
- Un péché d'orgueil
Dans cette ville à l'abandon, les parents de Chihiro découvrent un stand richement garni de mets délicieux. Ils s'empressent de s'assoir et de se baffrer. La fillette est mal à l'aise et s'inquiète de ce que diront les gens du parc. "J'ai ma carte de crédit" répond le père. Les parents représentent un Japon moderne, consumériste, faisant peu de cas d'autrui. Leur orgueil (et gourmandise) sera puni puisqu'ils seront transformés en gros cochons.
- Un antidote
Lorsque la nuit tombe sur le parc, Chihiro commence à disparaitre. Haku lui donne une baie à manger afin qu'elle ne se transforme pas en cochon.
- Un moyen d'échange
Face au refus de Lin de s'occuper de Chihiro, le viellard-araignée propose à la servante un triton grillé "de la première fraicheur". La friandise saura convaincre Lin d'emmener Chihiro à la sorcière Yubaba.
- Une divinité
Une fois dans les étages du palais des bains, Chihiro croise le chemin d'une créature blanche et poilue. C'est l'esprit du daikon, un radis blanc au goût poivré, usité dans la cuisine japonaise. D'ailleurs, il porte un bol (rouge) en guise de chapeau. Pour Miyazaki, même le radis est quelque-chose de noble. D'ailleurs, en s'inclinant mutuellement devant l'autre, Chihiro et l'esprit-radis témoignent d'un respect mutuel. "Opposé aux religions organisées, Miyazaki présente les dieux comme les dépositaires de la piété humble et d'un respect pour la réalité pré-matérialiste, des valeurs dont la fillette aura besoin avant de rencontrer Yubaba, qui vole les noms et les âmes", écrit justement Andrew Osmond dans son étude Le Voyage de Chihiro.
- Une menace
Lorsque Haku présente Chihiro aux autres employés, ces derniers se plaignent de son odeur d'humaine. Celle-ci doit disparaitre lorsqu'elle aura mangé suffisament de nourriture de ce monde-là. Mais si la mauvaise odeur persiste, le jeune garçon promet aux employés qu'ils pourront alors manger Chihiro s'ils le souhaitent!
- Un moyen de réconfort et de se souvenir
Éreintée par cette suite d'épreuves qu'elle a vécu depuis deux jours, Chihiro n'en peut plus. Haku lui offre donc un onigiri, boulette de riz fourrée. La nourriture agit ici comme le déclencheur du souvenir : Chihiro, tout en mastiquant, se rappelle de son foyer et pleure à chaudes larmes.
- Une matière organique
Lorsque l'esprit putride pénètre dans les bains, sa puanteur est elle qu'il fait moisir les bols de riz tenus par Lin !
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