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Blade Runner 2049 : Space marmite

 L’avenir proposé par Blade Runner, de Ridley Scott, est bien morose - villes surpeuplées, insalubres et battues par des pluies torrentielles -  et encore moins alléchant. Quand Rick Deckard (Harrison Ford) n’est pas en train de traquer les réplicants (comprenez, les humanoïdes), il noie sa solitude dans le whisky. 

Côté nourriture, à peine le voit-on attablé au comptoir crasseux d’un
noodle bar. Il n’aura guère le temps d’avaler une bouchée puisque des policiers l’emmènent pour une convocation urgente. Deckard abandonne à contrecœur ses nouilles. De toute façon, elles avaient l’air bof.

Avec Blade Runner 2049, de Denis Villeneuve, ce n’est toujours pas la joie dans nos assiettes. L’agent K (Ryan Gosling) se nourrit de sachets de cubes qui, par on ne sait quel prodige, deviennent un gros plat de nouilles (encore !) après leur passage à la casserole. Sa petite amie virtuelle lui mitonne alors une belle pièce de viande accompagnée d’une généreuse feuille de salade et d’un cornet de frites qu’on devine croustillantes à souhait.
 


Malheureusement, ce plat n’est qu’un hologramme et K se contentera d’une cigarette comme souper. Nous apprendrons également qu’en 2049, des gros vers de terre peu ragoûtants sont élevés en ferme pour les protéines.

C’est justement chez l’un de ces fermiers que se rend K, en ouverture du film. La maison est vide. Raisonne un frémissement accompagné d’un bruit de bulles qui éclatent à la surface. K se rapproche de la cuisine : un plat est en train de blobloter sur la gazinière.

Le fermier arrive enfin. L’agent lui demande si cette odeur qui lui agresse les narines vient des vers de terre. « C’est de l’ail », répond le fermier, lui proposant d’y goûter. Triste destin pour cette plante potagère qui semble être complètement en voie de disparition. K décline l’offre, expliquant préférer garder le ventre vide pour accomplir sa besogne : éliminer le fermier.



Une fois la sinistre mission achevée, K se rapproche du plat. Il ôte le couvercle et hume le fumet. La scène est filmée en contre-plongée. Le spectateur ne saura donc jamais ce qui était en train de mijoter.


K repart, nous laissant sur notre faim, mais avec une certitude : dans le futur, aucune technologie ne remplacera une bonne vieille cocotte en fonte.


Blade Runner 2049 (2017), de Denis Villeneuve, avec Harrison Ford, Ryan Gosling, Ana de Armas, Dave Bautista

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