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Tout feu tout flamme : Dessert filial


Pauvre Isabelle Adjani : entre deux trains et un trajet en hélico, elle doit s’occuper, seule, des courses, de sa vieille grand-mère, des chagrins et de la santé de ses petites sœurs, tout en  gérant son intense job d’attachée au ministère des finances. À peine a-t-elle le temps de bécoter son copain, un journaliste pas bidon puisqu’interprété par Alain Souchon.

Il n’en faudrait pas beaucoup pour ça déraille. C’est bien sûr ce qui arrive avec l’arrivée surprise du père.

Toute la maisonnée semble se réjouir du retour, malgré quinze années sans donner de nouvelles, de papa. Surtout qu’il s’agit d’Yves Montand. Isabelle se méfie. Vu le passif de son embobineur de père, elle le soupçonne de mijoter un tour pendable. Bingo : après avoir endormi les doutes, il vend l’immeuble familial et se tire avec le magot.

Isabelle réussit le rattraper près de la frontière suisse, mais les péripéties l'épuisent. Elle s’écroule. Le papa, à son chevet, n’est pas tendre envers sa fille :

« Tu es comme de la glace, dure et coupante ».

Dans la soirée, voyant qu’elle ne mange rien, il décide de lui faire le dessert qu’elle préférait lorsqu’elle était petite : des pommes flambées. Rien de mieux pour faire fondre le bloc d’animosité qui a remplacé le cœur de sa fille, se dit-il certainement.



Rien n’y fait. Malgré la surdose de cognac dans la poêle et la faim, Isabelle refuse le dessert.

Le lendemain, père & fille sont kidnappés par des gangsters. Ils parviennent à s’échapper et sont forcés de s’entendre. Surpris par un orage, ils s’abritent dans une étable perdue dans les alpages. Le dîner sera du maïs grillé sur un feu improvisé.

« C’est bon ? », demande Montand.

« Non ! », répond Isabelle, tout sourire, avant de croquer dans son épi.




Qu’importe le plat, pourvu qu'il soit partagé avec quelqu’un qu’on aime, nous dit le film. C’est culcul la praline, mais c’est tout à fait vrai.

Tout feu tout flamme (1982) de Jean-Paul Rappeneau, avec Isabelle Adjani, Yves Montand, Lauren Hutton.

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