Accéder au contenu principal

Léon : garçon, l'addition !

La scène suivante, le public ne la connaît pas. Elle est uniquement présente dans la version longue éditée en DVD en 1996 et n'a jamais été doublée. Elle est donc absente des rediffusions TV du film.

Ce n'est pas une scène anodine, puis qu'elle accentue l'ambiguïté de la relation entre Léon et Mathilda.

Nous sommes dans un restaurant très chic. Les deux personnages célèbrent leur premier contrat réussi ensemble : l'assassinat d'un dealer - scène également coupée de la version exploitée en salle - qui est l'occasion pour la jeune fille d'un cours sur l'art d'être une bonne tueuse à gages :

Une première balle pour mettre K.O. Puis une deuxième. Par sécurité. Vers le coeur et les poumons. Jamais dans la figure.

  

"S'ils ne reconnaissent pas le client, tu n'es pas payé", explique le "nettoyeur" à la fillette.

Pour fêter cette mission, le duo partage une bouteille de champagne au resto.



L'ambiance est romantique. Mais la scène est filmée en champ-contrechamp, puisque cet amour est prohibé. Toutefois, Mathilda exige plus que quelques bulles :

"Pourquoi pas un baiser comme au cinéma ?"

Il refuse. Elle insiste, grimpant même sur la banquette pour l'embrasser. Il réussit tant bien que mal à la rembarrer au moment où le serveur amène les plats. Ce dernier leur souhaite un "Enjoy" dont on ne sait pas très bien s'il concerne la nourriture ou la fillette.

Mathilda avale cul sec son verre de champ' et éclate d'un rire crescendo et ininterrompu, provoquant l'étonnement dans la salle et l'embarra du pauvre Léon.



Cette scène est intéressante, car ici le restaurant n'est plus un lieu de mort comme c'était déjà le cas dans Nikita (où Anne Parillaud assassinait sa première cible au "Train Bleu", Gare de Lyon) ou dans le reste dans Léon (où Jean Réno va chercher ses contrats dans la trattorria de Tony, en plein Little Italy). Ici le resto est le temps du plaisir.

"Vous ne savez pas tout", disait l'affiche de la version longue du film.

Mais avec cette scène de restaurant, on en sait déjà trop. Pas besoin d'expliciter plus l'attirance de Mathilda pour le tueur. Elle avait déjà été suffisamment claire lorsque, allongée les bras en croix sur le lit, elle avouait être amoureuse de lui. Il en avait recraché son verre de lait.



Chose amusante : Mathilda dit qu'elle est sûre d'être amoureuse, car elle sent une grande chaleur. Non pas dans son coeur. Mais dans son estomac. L'amour se niche donc bel et bien dans le ventre.

Léon (1994) réalisation de Luc Besson, avec Jean Réno, Nathalie Portman, Gary Oldman.







Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les meilleures répliques de films sur la bouffe (1)

« Moralité, je me suis bourré de pistaches comme un con »  Jean-Pierre Bacri, Cuisine et dépendances « Comment est votre blanquette ? »  Jean Dujardin, OSS 117 : Le Caire, nid d’espions « Ça doit être les moules qui sont avariées » , Benoit Poelvoorde, C’est arrivé près de chez vous « Spartiates ! Mangez vos victuailles avec appétit... car nous dînerons en enfer ce soir ! » Léonidas, 300 « Tu es bella comme la papaya »  Stuart, Les Mignons « Dis, on t’as jamais appris à manger avec la bouche fermée toi ? C’est à toi qu’je cause hein ! J’ai l’impression d’être à côté d’un camion poubelle qui travaille moi, ici ! Conasse va ! » François Damiens, Dikkenek « Laisse le flingue, prends les cannelloni »  Peter Clemenza, Le Parrain « Il doit y avoir une erreur, vous m’avez donné accidentellement la nourriture que ma nourriture mange »  Ron Swanson, Parks & Recreation « Oui, Londres. Vous savez bien : fish & chips, tasse de thé, bouffe dégu

Les Visiteurs : l’art de (pas) bien se tenir à table

« Ou sont les poulardes ? J’ai faim ! Où sont les veaux, les rôtis, les saucisses ? Où sont les fèves, les pâtés de cerf ? Qu’on ripaille à plein ventre pour oublier cette injustice ! Y’a pas quelques soissons  (1)  avec de la bonne soivre (2) ? Un porcelet ? Une chèvre en rôti ? Quelques cygnes blancs bien poivrés ? Ces amuse-bouches m’ont mis en appétit !!! » Pendant que le comte Godefroy de Montmirail (Jean Réno) beugle son menu idéal en tapant sur la table, son serviteur Jacquouille la Fripouille (Christian Clavier) perce l’opercule de son yaourt avant de l’engouffrer à la main, s’en barbouillant le visage.  Quelques scènes avant, Jacquouille se servait de la salade avec les mains avant de recracher le tout. « Pardonnez ce maroufle, mais il est si triste d’apprendre qu’un gueux possède Montmirail » , justifiait le comte.     S’ensuit les vers d’une chanson où il s’agirait de peler le jonc comme au bailli du Limousin qui fût appa

Les Misérables : spaghetti alla Lino Ventura

« T’as qu’à te trouver à table avec Lino... Ben mon vieux, Lino : c’est du sérieux ! Tu parles d’un quadrille de mâchoires ! Il nous rend double-six à tous ! Parce que je me souviens, à la maison, d’un petit salé aux lentilles une fois, et d’un cuisseau de sanglier une autre fois... Mon vieux... Tu croirais qu’il va te tuer, Lino, quand il mange ! Tu croirais qu’il va te tuer ! T’oses plus parler ! T’entends les mâchoires qui font clac, clac, clac ! Tu te dis : ” Merde ! Si je m’approche, il va me buter ! ”  Tu peux pas savoir ce que c’est ! Il est champion du Monde, lui ! » Le compliment est de Jean Gabin, ce qui n’est pas rien. Les deux hommes se marraient bien ensemble, par contre ils ne plaisantaient pas dès qu’il s’agissait de gueuletonner. L’un et l’autre avaient la réputation d’avoir un sacré coup de fourchette. L’archive INA qui suit donne un entr’aperçut de la chose : En 1982, Lino Ventura est dans le Périgord pour tourner Les Misérables où il joue Valjea