Fontainebleau,
fin XIXe. Mademoiselle Julie et Mademoiselle Cara sont les deux directrices d’un
pensionnat de jeunes filles. Elles forment également un couple battant de
l’aile.
Pensionnaires et professeures ont choisi leur camp : il y a les « pro-Cara » et les « pro-Julie ».
Mais l’arrivée d’une nouvelle élève, Olivia, va bouleverser cet équilibre déjà précaire. En faisant d’Olivia sa protégée, Mademoiselle Julie provoquera chez la jeune fille des sentiments ardents...
Pensionnaires et professeures ont choisi leur camp : il y a les « pro-Cara » et les « pro-Julie ».
Mais l’arrivée d’une nouvelle élève, Olivia, va bouleverser cet équilibre déjà précaire. En faisant d’Olivia sa protégée, Mademoiselle Julie provoquera chez la jeune fille des sentiments ardents...
Sous ses atours de gentillet (et si pudique) film de pensionnat, Olivia est un redoutable éloge de
l’homosexualité féminine. Il est signé Jacqueline Audry, flibustière du cinéma
des années 50, car elle osa proposer des films féministes contestant la
domination patriarcale – au lendemain de la guerre, l’homme français vaincu et
occupé se doit de réaffirmer son pouvoir sur la femme et le cinéma demeure le
meilleur outil pour la remettre à sa place.
Il va sans dire qu'à sa sortie Olivia s'est mangé de sévères critiques (principalement misogynes) et une interdiction au moins de 16 ans...
Il va sans dire qu'à sa sortie Olivia s'est mangé de sévères critiques (principalement misogynes) et une interdiction au moins de 16 ans...
L’une des nombreuses surprises du film est le personnage de Mademoiselle
Dubois, la professeure d’arithmétique. Son allure austère laisse présager le
cliché de la vieille fille sèche. Fausse piste. En réalité, c’est une femme pleine de verdeur et à l’appétit insatiable. Le premier plan où elle apparaît, pendant le
dîner, la présente déjà en train de se resservir.
« Son appétit est l’une des
curiosités de la maison », confie une élève à Olivia.
On apprendra que la pauvre femme a souffert de la faim pendant le
siège de Paris, en 1871, et qu’elle dut parfois se nourrir de rats en fricassé. Mais avec quelques oignons.
Un beau matin, elle confie à la cuisinière son cauchemar de la nuit
dernière :
" Nous étions en Afrique. Mais en
Afrique noire ! Chez les cannibales ! Dans un pensionnat religieux
dirigé par un missionnaire. Et nous souffrions de la faim... »
- Et vous dévoriez le missionnaire ?
- Et vous dévoriez le missionnaire ?
- Oh ! Écoutez, j’ai été élevée religieusement !"
Ce qui fait le sel de ce personnage, c’est son détachement à tout ce qui ne se
mange pas. Pendant qu’un psychodrame se joue autour d’elle, elle demeure
uniquement préoccupée par ce que la cuisinière est en train de mitonner pour le
prochain repas et s’il reste du rab’ de bûche le soir de Noël. Quand
Mademoiselle Cara jette de rage son assiette et quitte la table, la professeure
s’empresse vite de récupérer le morceau de viande pour le manger.
Mais le plus beau, ce sont ses saillies. Finissant goulûment son petit-déjeuner, elle lâche à la cuisinière cette magnifique réplique audiardesque avant l’heure :
« Les mathématiques, entre nous, ça
vaut pas une tartine ! »
Olivia (1951), de Jacqueline Audry, avec Edwige Feuillère, Yvonne de Bray, Simone Simon et Suzanne Dehelly
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