Un
welsh rarebit, avec un œuf poché dessus. Du bacon. Des scones. Du beurre. De la
crème. De la confiture, mais pas à la fraise. Du thé, Lapsang. Et quelques
saucisses.
Quand il petit-déjeune dans ce restaurant sur la côte, après avoir roulé toute la nuit, Reynolds Woodcock (Daniel Day-Lewis), commande pour quatre. Un appétit gargantuesque tranchant avec son personnage d’austère couturier.
Quand il petit-déjeune dans ce restaurant sur la côte, après avoir roulé toute la nuit, Reynolds Woodcock (Daniel Day-Lewis), commande pour quatre. Un appétit gargantuesque tranchant avec son personnage d’austère couturier.
Pourtant, la veille, lors du petit-déjeuner, Reynolds avait envoyé paître sa
compagne lorsque celle-ci lui proposa une simple brioche :
« N’oublie pas ce que j’ai dit,
Johanna. Je ne veux plus de choses indigestes », cingla-t-il, sans
lever les yeux de son carnet à dessins.
La pauvre sera congédiée le jour même. Le spectateur, lui, est
prévenu : les appétits contradictoires de Woodcock Reynolds ne sont que
l’élégante manifestation d’un égoïsme le plus crasse.
Retour au restaurant. Alma (Vicky Krieps), serveuse, est intriguée par cet homme si chic
et affamé. Lui est intrigué par cette jeune fille à l’accent
étrange. Il lui propose de se revoir. C’est le début d’une histoire d’amour qui
sera tout sauf cousu de fil blanc.
« Dis-moi comment tu manges et je te dirais qui tu es ». Alma fera
l’amère découverte du caractère rigide de Woodcock lorsqu’au petit-déjeuner il
lui demande de ne pas émettre le moindre bruit. D’après lui, elle beurre son
toast comme si elle faisait du cheval dans tout l’appartement !
Alma tente d’exister dans la vie de Woodcock. En vain. Pour ébranler cette
forteresse d’égocentrisme, quoi de mieux que la nourriture ? Mais plutôt
que de l’attendrir ou l’assouplir avec un bon plat, elle va l’empoisonner. Au
champignon vénéneux. On notera que le choix du champignon n'est pas anodin puisqu'Alma est considérée comme un "parasite" par sa belle-sœur et Woodcock.
Ça commence par l’équivalent d’un dé à coudre dans le thé. Sans effet sur le
caractère infâme de Woodcock. Étape supérieure : une omelette avec gros
morceaux.
La préparation est filmée dans un érotisme exquis : champignons coupés
avec délicatesse ; beurre crissant dans la poêle ; bulles des œufs
battus cuisant lentement.
Tandis que Woodcock dessine dans un coin de la pièce une nouvelle création,
Alma, elle, achève sa recette mortelle. Si on ne peut sentir le résultat, on
l’entend : le doux crépitement de l’omelette s’accorde aux délicates notes
d’un piano jazz.
Qu’elle a l’air bonne cette omelette ! Woodcock la mangera-t-il ? Restons-en là afin de ne rien spoiler la suite du film.
Phantom Thread (2017), de Paul Thomas Anderson, avec Daniel Day-Lewis, Vicky Krieps, Lesley Manville
Phantom Thread (2017), de Paul Thomas Anderson, avec Daniel Day-Lewis, Vicky Krieps, Lesley Manville
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