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eXistenZ : Nouvelle cuisine


Sorte d'anti-matrix, eXistenZ suit une conceptrice de jeux vidéo (Jennifer Jason Leigh) et  son frêle garde du corps (Jude Law), tous deux poursuivis par une secte terroriste baptisée les Réalistes, dans différentes strates de la réalité virtuelle. 


Le film perdant peu à peu les spectateurs dans un vertigineux jeu de mise en abyme réalité/jeu vidéo/fiction/cinéma. 

La connexion dans le monde virtuel se fait grâce à un "bioport", c'est-à-dire un trou percé dans le bas du dos où l'on connecte son "pod" (console). Lorsque Jude Law s'inquiète des risques d'infection de cette ouverture dans notre corps, Jennifer Jason Leigh tire la langue : notre bouche, qui sert à nous nourrir, est aussi un trou ouvert, une étrangeté du corps. 


Dans un restaurant chinois (virtuel, donc), Jude Law et Jennifer  Jason Leigh commandent « la spécialité du chef » au serveur. Ce dernier apporte un plat contenant des morceaux de viandes d’organismes génétiquement modifiés : reptiles, amphibiens mutants, etc.




La nourriture semble infâme. Pourtant, le personnage virtuel de Jude Law, meut par sa volonté propre, la dévore à pleine dent, avant d’assembler la carcasse... en un pistolet d’os et de nerfs !
 



L’arme assemblée, il ôte un bridge de sa bouche pour l’enclencher dans le chargeur ; les dents faisant office de balles.



Après avoir tué le serveur avec, Jude Law lâche le pistolet par terre. Celle-ci est immédiatement ramassée par un chien, l’arme redevenant un vulgaire os à ronger. 



Cronenberg, le grand cinéaste du corps corrompu, réaffirme ici ce grand principe qui traverse ses films : le technologique finit toujours par s’effacer derrière l’organique - il n'y a d'ailleurs aucun ordinateur ou téléphone dans l'univers virtuel d'eXistenZ. Car l'organique demeure toujours plus grande des technologies. La plus dangereuse aussi.



eXistenZ (1999), de David Cronenberg, avec Jennifer Jason Leigh, Jude Law, Ian Holm, Willem Dafoe

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