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Always be my maybe : Hungry Keanu


C’est par la bouffe que Keanu Reeves devint (malgré lui) une star du web. Souvenez-vous, c’était en 2010. Une photo prise par un paparazzi montrait l’acteur seul sur un blanc en train de manger un sandwich. Le cliché se muta rapidement en mème, baptisé Sad Keanu. Presque 10 ans plus tard, Keanu est de nouveau le chouchou d’internet. Mais pour de meilleures raisons : John Wick cartonne, il apparaît dans un jeu vidéo et dans Toy Story 4. Et de nombreuses vidéos prises pas des quidams montrent l’acteur accessible, simple, toujours prêt à prendre un peu de temps pour ses fans.  
 


Always be my maybe est une rom-com racontant les retrouvailles, 15 ans plus tard, de deux amis d’enfance qui seraient peut-être passé à côté d’une belle et grande histoire d’amour...

L’intérêt principal du film est la présence de Keanu Reeves jouant... Keanu Reeves. Non pas la version un peu absente mais toujours affable qu’on connaît de lui. Non. Une version intense, niaise et mégalo, mélange de Daniel Day Lewis et Tommy Wisseau.
 

Lors d’une séquence au restaurant, où les serveurs sont habillés en haute-couture et la clientèle archi branchouille, Keanu demande s’il y a « des plats qui jouent avec le temps ? Le concept du temps ? »

Assurément !

« Nous avons un plat de viande de cerf sous vide. Il est servi avec un casque pour entendre le son de l’animal que vous allez consommer, illustrant le cycle de la vie à la mort », répond très sérieusement le serveur.



Et c’est parti pour le menu complet de cuisine moléculaire :   

- Petits légumes et laitues encapsulés, accompagné d’algues déshydratées et de flocons de poisson séché.
- Soupe claire aux asperges extraite avec une centrifugeuse.

- Assiette monochrome toute noire.
- La saveur de salade du chef (qui ressemble à un gros mollard)
- bulles de sucre et lavande cristallisées
 


C’est toujours amusant (et un peu facile) de se moquer de la cuisine moléculaire. Rappelons qu’elle découle de la gastronomie moléculaire, science visant, grâce à la physico-chimie, à la connaissance raisonnée de tout ce qui se rapporte à la nourriture.

En 1907, le chef Auguste Escoffier annonçait la cuisine moléculaire :

« En un mot, la cuisine, sans cesser d’être un art, deviendra scientifique et devra soumettre ses formules, empiriques trop souvent encore, à une méthode et à une précision qui ne laisseront rien au hasard. »

Aujourd’hui, un film comme Le Livre d’Image de Godard n’est rien moins que la cuisine moléculaire du cinéma : une science du montage au service de l’émotion. Les ingrédients sont pour la plupart bien connus (extraits de films classiques), pourtant leur agencement est hautement original. On ne comprend pas toujours ce qui se passe (devant nos yeux), mais on est chamboulé.

Que pense Keanu Reeves de Godard ? Aucune idée. Mais dans son assiette, il a confié en interview avoir un gros faible pour le sandwich au pastrami, servi chaud et accompagné de chips ou de cornichons. Un gars simple, on vous dit.
 


Always be my maybe (2019), de Nahnatcha Khan, avec Ali Wong, Randall Park et Keanu Reeves 


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