Accéder au contenu principal

Le Parrain : l'imposture de la sauce bolo

Pete Clemenza, homme de main de la famille Corleone, a déjà fait son apparition dans Food In Movies pour sa superbe réplique.

Il revient aujourd'hui à propos de cette scène culte où il explique à Michael Corleone (Al Pacino) comment cuisiner une sauce spaghetti.

"Si le film était un flop, au moins les spectateurs auraient appris comment faire une bonne sauce spaghetti", aurait même dit Francis Ford Coppola à propos de la scène.


Mais cette sauce bolognaise, servant aux fameuses "boulettes", est en réalité une hérésie. Depuis plusieurs années, des articles publiés ici ou dans la presse révèlent cette imposture :

Il n'y a pas de spaghetti bolognaise à Bologne. Car il n'y a pas de spaghetti tout court. L'Émilie-Romagne est une région où l'on mange traditionnellement des pâtes fraîches de type tagliatelle. Les spaghetti, eux, viennent du sud de l'Italie, notamment de la région de Naples. De plus, une sauce à la viande n'est pas adaptée aux spaghetti, car la viande a tendance à ne pas "accrocher" la pâte et à rester au fond du plat.


Toutefois, la sauce bolognaise à base de tomate et viande existe bel et bien. Mais là-bas, on la trouve sous le nom de ragù alla bolognese - celle-ci viendrait des étudiants français pendant la Renaissance qui, pendant leur "Erasmus-avant-l'heure", avait importé l'habitude de cuire la viande en ragoût (ragù), les Bolognais leur piquant ensuite l'idée.

Comment alors est-on passé des "tagliatelles bolo" aux "spaghetti bolo" ? L'explication se trouve du côté de la diaspora italo-américaine. À défaut de trouver des bonnes pâtes fraiches aux USA pour leur sauce tomate, celle-ci s'est rabattue sur les spaghetti.


Maintenant que vous savez tout, voici un lien vers la véritable recette des pâtes sauce bolo édictée avec soin par la vénérable Accademia Italiana della Cucina et déposé en 1982 à la chambre de commerce de Bologne.

Le Parrain (1972), de Francis Ford Coppola, avec Al Pacino, Marlon Brando, James Caan. 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Les meilleures répliques de films sur la bouffe (1)

« Moralité, je me suis bourré de pistaches comme un con »  Jean-Pierre Bacri, Cuisine et dépendances « Comment est votre blanquette ? »  Jean Dujardin, OSS 117 : Le Caire, nid d’espions « Ça doit être les moules qui sont avariées » , Benoit Poelvoorde, C’est arrivé près de chez vous « Spartiates ! Mangez vos victuailles avec appétit... car nous dînerons en enfer ce soir ! » Léonidas, 300 « Tu es bella comme la papaya »  Stuart, Les Mignons « Dis, on t’as jamais appris à manger avec la bouche fermée toi ? C’est à toi qu’je cause hein ! J’ai l’impression d’être à côté d’un camion poubelle qui travaille moi, ici ! Conasse va ! » François Damiens, Dikkenek « Laisse le flingue, prends les cannelloni »  Peter Clemenza, Le Parrain « Il doit y avoir une erreur, vous m’avez donné accidentellement la nourriture que ma n...

Les Visiteurs : l’art de (pas) bien se tenir à table

« Ou sont les poulardes ? J’ai faim ! Où sont les veaux, les rôtis, les saucisses ? Où sont les fèves, les pâtés de cerf ? Qu’on ripaille à plein ventre pour oublier cette injustice ! Y’a pas quelques soissons  (1)  avec de la bonne soivre (2) ? Un porcelet ? Une chèvre en rôti ? Quelques cygnes blancs bien poivrés ? Ces amuse-bouches m’ont mis en appétit !!! » Pendant que le comte Godefroy de Montmirail (Jean Réno) beugle son menu idéal en tapant sur la table, son serviteur Jacquouille la Fripouille (Christian Clavier) perce l’opercule de son yaourt avant de l’engouffrer à la main, s’en barbouillant le visage.  Quelques scènes avant, Jacquouille se servait de la salade avec les mains avant de recracher le tout. « Pardonnez ce maroufle, mais il est si triste d’apprendre qu’un gueux possède Montmirail » , justifiait le comte.     S’ensuit les ver...

Le Voyage de Chihiro : la nourriture à tous les étages

La nourriture est indissociable des films du studio Ghibli, tant et si bien qu'en 2017 naissait sur Instagram le hashtag #GhibliFood.  Petite revue des nombreuses fonctions de la bouffe dans Le Voyage de Chihiro .   - Un péché d'orgueil Dans cette ville à l'abandon, les parents de Chihiro découvrent un stand richement garni de mets délicieux. Ils s'empressent de s'assoir et de se baffrer. La fillette est mal à l'aise et s'inquiète de ce que diront les gens du parc. "J'ai ma carte de crédit" répond le père. Les parents représentent un Japon moderne, consumériste, faisant peu de cas d'autrui. Leur orgueil (et gourmandise) sera puni puisqu'ils seront transformés en gros cochons.     - Un antidote Lorsque la nuit tombe sur le parc, Chihiro commence à disparaitre. Haku lui donne une baie à manger afin qu'elle ne se transforme pas en cochon.     - Un moyen d'échange Face au refus de Lin de s'occuper de Chihiro, le viellard-araig...