Il a été souvent dit à la sortie de BlacKKKlansman que ce film était formidable car Spike Lee s'attaquait au suprémacisme blanc. Certainement. Mais il n'a pas été dit que ce film souffrait d'un douloureux défaut : la grossophobie.
Dans ce film, les suprémacistes sont bêtes et méchants. Ce qui n'est pas un problème. Non, le problème est que ces suprémacistes bêtes et méchants sont gros. Car le cinéma a un très vilaine manie : dès qu'un personnage est stupide, lâche, indigne de confiance, ridicule, veule, moche, fainéant, détestable, pauvre ou issu des classes populaires, bref qu'il a tous les défauts du monde, il est gros.
Spike Lee n'est évidemment ni le premier ni le seul à se prendre les deux pieds dans le tapis de la grossophobie : Friends, Jurassic Park, Les Gonnies, Love Actually, Austin Powers et la liste est encore très longue.
Mais puisque Spike Lee est le premier à donner des leçons de morale sur le racisme - Tarantino, critiqué pour utiliser systématiquement le "n-word" dans ses films, en a fait les frais - il ferait bien aussi de balayer devant sa porte. Son film perpétue la stigmatisation des personnes grosses.
Mais puisque Spike Lee est le premier à donner des leçons de morale sur le racisme - Tarantino, critiqué pour utiliser systématiquement le "n-word" dans ses films, en a fait les frais - il ferait bien aussi de balayer devant sa porte. Son film perpétue la stigmatisation des personnes grosses.
"Ce film est basé sur des p***** de faits réels", vantait la bande-annonce de BlacKKKlansman.
"Ce film est basé sur des p***** de préjugés négatifs", aurait-on pu ajouter.
"Ce film est basé sur des p***** de préjugés négatifs", aurait-on pu ajouter.
Heureusement, il y a des films ou (séries) plus malins que les autres. Citons en exemple Le Bureau des Légendes. Le personnage d'analyste pour les services secrets français, interprété par l'humoriste Artus est clairement en surpoids. Pourtant il n'est jamais présenté comme tel. Mieux, il est un personnage profondément valorisé.
D'ailleurs, la série joue des préjugés avec cette excellente réplique qu'il sort à un collègue, désamorçant ainsi les stéréotypes :
D'ailleurs, la série joue des préjugés avec cette excellente réplique qu'il sort à un collègue, désamorçant ainsi les stéréotypes :
"Je ne comprends pas les mecs qui chient au bureau. Ils n'ont pas de toilettes chez eux ? [...] À chaque fois que je vais aux toilettes, il y a personne et ça pue la merde et quand je ressors, évidemment, il y a quelqu'un qui rentre et qui pense que c'est moi. Si je n'étais pas gros la question ne se poserait pas, mais les gros ça chie, c'est connu."
BlacKKKlansman (2018), de Spike Lee, avec John David Washington, Adam Driver
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