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Breakfast Club : l'incarnation par la bouffe


Pour donner corps et âme à un personnage, rien de mieux que la bouffe. 

Tarantino l'a bien compris avec, par exemple, le colonel Hans Landa, dans Inglourious Basterds. Bon vivant, le personnage interprété par Christoph Waltz apprécie les petits plaisirs de la chair tels qu'un bon verre de lait ou une part d'apfelstrudel. Le fait qu'il ordonne à la jeune femme d'attendre la crème avant de déguster la pâtisserie d'origine autrichienne souligne son côté tatillon. Enfin lorsqu'il écrase sa cigarette sur l'apfelstrudel, cela montre la violence et la perversité du personnage. 

Breakfast Club, teen movie par excellence où 4 élèves que tout oppose se retrouvent en colle un samedi entier, se livre à une limpide caractérisation par la bouffe, lors d'une scène de déjeuner. 

Claire : "la princesse" : elle mange des sushis minutieusement rangés dans une bento box. Ce plat, moins commun et plus onéreux en 1985 qu'aujourd'hui, souligne son côté BCBG.


Bender : "le rebelle" : il provient d'un milieu social très défavorisé donc il n'a pas de déjeuner. Ses parents ne lui ont rien préparé.

Brian : "le geek" : respectueux des règles, il est venu avec une soupe, un sandwich, un jus de pomme. Soit un déjeuner parfaitement équilibré se moque Bender : "Est-ce que ta mère a épousé M. Diététique ?"

Andrew : "l'athlète" : il sort de son sac trois sandwichs, un paquet de chips, un paquet de gateau, un brique de lait, deux fruits. La pression qu'il subit par son père (qui est aussi son coach) quant à ses résultats sportifs se manifeste ici par cette surabondance de protéines. 



Alisson : "la tarée" : sauvage jusqu'à dans son alimentation, elle balance, sur la statue, la tranche de mortadelle de son sandwich pour y mettre du sucre et des céréales. On sent que le repas a été préparé à la va-vite.


Cette scène de repas permet d'esquisser la manière dont chacun des 4 élèves est perçu et traité par ses propres parents. Le film est justement là pour apprendre à se libérer des stéréotypes auxquels la société nous réduit. 

Quant à la tranche de mortadelle lancée sur la statue par Allison, elle tombera encore 15 ans plus tard dans la meilleure parodie du film.

Breakfast Club (1985), de John Hughes, avec Judd Nelson, Emilio Estevez, Molly Ringwald. 



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