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Perfect Sense : le goût du goût

Une mystérieuse pandémie prive l'humanité de l'odorat, puis, du goût, puis les autres sens. Comment vivre avec ? Comment l'humanité s'adapte en cas de catastrophe ?  Voici l'argument de Perfect Sense, une fable qu'on ne peut regarder sans la comparer avec notre quotidien Covid-19. Une mystérieuse voix off énonce la plus terrible conséquence de la disparition du goût :

"La plus grande perte, ce sont les souvenirs. L'odeur et les souvenirs sont liés. La cannelle rappelle un tablier de grand-mère, l'odeur de foin coupé, la peur qu'on avait des vaches. Sans odeur, un océan d'images du passé disparait."

Les enjeux dramatiques du film sont matérialisés à travers la relation amoureuse, à Glasgow, entre le chef de restaurant Michael et l'épidémiologiste Susan. Les scènes dans la cuisine de Michael nous rappellent alors que la nourriture, outre sa réponse à un besoin primaire, demeure une stimulation des sens.


Lorsque le goût et l'odorat ont disparu, les gens continuent d'aller au restaurant, mais les plats doivent désormais stimuler les autres sens. Les plats arborent des couleurs vives. Plus de couvert, on touche les plats. On écoute le vin couler et les verres tinter. On essaye de distinguer l'humide du spongieux, le croquant du croustillant. 

Plus tard, dans le film, un homme en scaphandre vient livrer une ration de nourriture à Michael. Un tupperware de spaghettis. Sans accompagnement. Sans sauce. Sans rien. On est alors pris d'une grande tristesse pour ce personnage d'ancien cuisinier.


Perfect Sense (2011), de David Mackenzie, avec Eva Green, Ewan McGregor




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