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Bienvenue à Zombieland : Junk food et apocalypse


Bien souvent, dans les films de zombies, les héros se nourrissent principalement de conserves débusquées dans des supérettes abandonnées. Des raids se concluant la plupart du temps par la mort d'un ou deux personnages secondaires. 

Dans Bienvenue à Zombieland, Woody Harrelson n'a qu'une obsession : trouver quelques twinkies à manger. 

Arrêtons-nous un instant sur ce totem de la malbouffe.

 

Inventé en 1930, pendant la Grande Dépression, ce gâteau moelleux fourré à la crème est rapidement devenu un snack culte pour les petits Américains... et un emblème de la junkfood US. On dit qu'il est tellement bourré de conservateur qu'une fois ouvert de son sachet, il se conserve 50, voir 100 ans - en réalité, il se garde "seulement" 45 jours. Et comme en malbouffe il n'y a aucune règle, les Américains mangent aussi le twinkie frit.
 

En droit américain, une défense "twinkie" est un argument absurde utilisé par la défense : lors du procès de l'assassin d'Harvey Milk, célèbre militant des droits des homosexuels, l'avocat avait avancé qu'une dépression, caractérisée par la consommation excessive de twinkies, avait poussé l'accusé à passer à l'acte. 

En argot, un "twinkie" désigne diverses choses : un jeune homme (gay ou hétéro) particulièrement attirant ; un Américain d'origine asiatique totalement assimilé à la culture blanche US ; une femme acceptant que l'homme jouisse en elle...

Au cinéma, il est fait référence à ce snack dans Piège de Cristal, Lost, Donnie Darko, Buffy, (500) Jours ensemble, WALL-E, Hollow Man, Las Vegas 21, etc. Une petite vidéo ci-dessous vous montrera un aperçu : 

Mais revenons à Bienvenue à Zombieland. Si Woody Harrelson veut un twinkie, ce n'est pas par amour de la junkfood. Il a l'occasion de repartir avec une cargaison de boules coco (snoballs, en VO, de la même marque qui produit les twinkies), mais il refuse, car il "hait la noix de coco. Pas le goût. Sa consistance".


Que nous enseigne Woody Harrelson ? Qu'en cas d'apocalypse zombie, survivre ne suffit pas. Il faut autre chose pour tenir. Quand on a perdu sa famille et ses amis, dévorés par les morts-vivants, satisfaire ses plaisirs gustatifs permet de (sur)vivre. 

"Faut apprécier les petites choses", dit Woody Harrelson au personnage de Jesse Eisenberg, qui ne vit qu'à travers ses "31 règles de survie" qu'il a lui-même édicté et auxquelles il s'y tient scrupuleusement. Finalement convaincu, il en fait sa 32e règle. 

"Faut apprécier les petites choses" : une phrase qui n'est pas sans rappeler le "Chaque jour, faites-vous un petit cadeau" de Dale Cooper. Car c'est bien connu, tout nous ramène à Twin Peaks

Bienvenue à Zombieland (2009), de Ruben Fleicher, avec Jesse Eisenberg, Emma Stone, Woody Harrelson, Bill Murray

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